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Qu’est-ce que la fusion ?

Qu’est-ce que la fusion ?


La loi fioraso de 2013 impose aux universités d’une même région de se regrouper selon trois modalités : association, ComUE (communauté d’université et d’établissements) - cadre actuel de l’Université Fédérale de Toulouse (UFT) - et la fusion. Sous l’apparence d’un choix, c’est en réalité la fusion qui est l’objectif de cette mesure. Cette dernière se traduit par la perte de la personnalité morale (et donc la dissolution du cadre juridique) de chaque établissement (université, grande école..) afin de constituer un grand établissement. La violence de la fusion, ne provient pas seulement du chantage au financement orchestré par l’État - à travers le jeu des subventions, de la compétition et des pressions - mais bien de ce qu’implique, pour chaque université, la perte de tout droit à l’autodétermination, caractéristique et condition sine qua non, depuis le XXème siècle, de la qualité des savoirs et des recherches qu’elles dispensent. La perte de l’identité juridique des universités, dans sa traduction concrète, c’est la possibilité de la sélection à l’entrée (mis en place à l’Université fusionnée de Bordeaux), de l’augmentation des frais d’inscription (n’étant plus sous la protection du code de l’éducation), la suppression de filières qui, en compétition avec les autres, n’arrivent pas à faire valoir les compétences de leur offre scolaire, c’est à dire l’ensemble des filières liées aux arts, aux lettres, aux sciences humaines et sociales (Cf Université de Besançon, Aix-Marseille).


Officiellement deux logiques supportent ces modifications : celle d’une méthodique mise au pas de l’université aux exigences du monde « socio-économique » afin d’en faire des pôles compétitifs, et celle d’un ancrage régionnal dont elle deviendrait la vitrine à l’échelle européenne, voire mondiale (comme le requiert le processus de Bologne lancé en 99). En réalité, nous sommes confrontés à une véritable « destructuration » d’un certain modèle d’université, celui d’une res universitare administrant par elle-même son rapport au savoir et jusqu’ici gage de sa qualité. En effet, répondant d'une exigence de mise sur le marché de la formation et du transfert des savoirs au monde de l'entreprise, la naissance d’un grand établissement opère l’avènement de la marchandisation du savoir, du monopole des compétences, et de la mise en concurrence à tout les échelles. Le tout est assuré par le pilotage stratégique d'un nouvel échelon supra décisionnaire et centralisateur, c’est à dire un Conseil d’Administration piloté à 25, par des élus d’élus et des personnalités extérieures (représentant de l’État, patronat), pour des pôles regroupant 30000 (Bordeaux), 70000 (Aix-Marseille) voir 115000 personnes (Toulouse, si la fusion est acceptée). Ces ratios, cette pyramidalisation à l’extrême du pouvoir achèvent le rapt de l’université à ses principaux acteurs, qu’ils soient étudiants, personnels ou enseignants-chercheurs.


S’il persiste quelques sceptiques quant aux intentions qui animent la fusion, le processus par lequel cette voie nous est imposée, le modèle d’université qu’il dessine et les dégâts que les fusions ont déjà engendrés, dissiperont d’eux-mêmes toute ambiguité. Nous tâcherons donc ici d’apporter des éléments d’analyse concrets, afin que chacun puisse se saisir de la portée et de l’ampleur des dommages qui s’annoncent, dans l’espoir qu’armés de notre volonté de lutter pour une université faite par tous et pour tous, s’organise et s’élaborent collectivement les moyens d’y parvenir.


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